Saints Thomas
SAINTS-THOMAS
Saints-Thomas, pauvres hommes, qui dites aimer la vie,
C’est elle qui vous aime et vous ne voyez pas.
Vous embrassez la mort, espérant qu’elle vous fuie.
L’amour vous est offert que vous ne voulez pas.
Saints-Thomas, pauvres hommes, qui vous croyez finis,
La peur en vous résonne et crispe vos paupières,
Vous serrez les mâchoires et vos poings racornis
Se ferment à l’offrande des paumes amies.
Laissez-vous dorloter avant d’être en détresse.
Acceptez de mourir afin de pouvoir vivre.
Vos poings abandonnés recevront des caresses,
Et vos yeux s’ouvriront sur l’espoir qui délivre.
Ô miasmes délétères de la circonspection
Qui n’imagine que des images jaunies,
Hygiène douce-amère de la circoncision,
Faux-amour d’une mère qui tue l’enfant au nid.
Saints-Thomas, votre cœur à l’infini aspire.
Il hurle sa douleur que vous ne l’aimiez point
Que vous le transperciez de sarcasmes et de rires
et coupiez le moteur qui veut vous mener loin.
Vos yeux voient des barreaux qui enferment les rêves
Vous avez la fierté de savoir résister.
Mais les rêves sont libres et vous luttez sans trêve
Préférant ignorer que c’est vous l’enfermé.
Il n’y a pas pire geôle que l’on ne consente
Pires fers à nos pieds que ceux que l’ont a mis.
Pire prison que soi et qu’à soi que l’on mente,
On forme des bourreaux à y rester soumis.
Ne me bâillonnez plus de peur de vous comprendre,
Ne tournez plus le dos à mes larmes amères,
Qui ne sont que vos voix que vous niez entendre,
Ne me repoussez pas en me croyant sorcière,
Je brandis le reflet de vos belles images
Et l’écho des paroles que vous vous taisez.
Mon espoir est le fruit de vos désirs sauvages
Et ma foi le témoin de la vôtre étouffée.
J’ai si mal de nous voir nous détourner de «soi»,
A d’autres destinées je ne veux nous ravir
Qu’à l’oubli de nous-mêmes, au déni de l’émoi
Naître est si douloureux jusqu’à ce qu’on respire!
Alors je dois me taire afin que l’on m’entende,
Je dois ouvrir mes bras sans jamais défaillir
A l’amour, la confiance et donner en offrande
Ce temps qui nous écorche et qui nous fait souffrir.
Dédicace de Catherine Quillé aux Sélénites,
poème extrait de son livre «Le Droit de Penser»